Nous connaissons tous la difficulté de se détacher/décrocher des écrans. Ce fait est reconnu depuis les années 2000 aux USA. Des études ont été faites pour essayer de voir, d’une part, les effets négatifs sur les enfants (intellectuel, éducatif, social, comportemental, médical, scolaire, …) et d’autre part comment on pouvait sortir de cet envahissement. Il se sont d’abord concentrés sur l’éducation des enfants à ce que pouvait recouvrir les abus d’écrans, ils ont favorisé progressivement l' »accès au savoir, au vouloir et au pouvoir« . En France nous avons aussi cette expérience (1) qui consiste à se séparer des écrans pendant un temps donné (1 semaine). Il ne s’agit pas de couper les moyens de communication d’un seul trait ni d’une manière péremptoire : « il s’agit de susciter la volonté d’éteindre l’écran« . Le but est d’amener, les enfants, les enseignants et les familles à trouver d’autres occupations et recueillir leur ressenti, leurs résultats et contribuer ainsi à changer les choses. C’est une forme de défi, ils sont partie prenante avec des points à gagner, seul et en équipe, tout le monde est actif, même la collectivité qui propose des activités (sorties, pique-niques, théâtre, …). On aiguise leur sens critique, on réinjecte du familial, de la concertation, le tout sur un postulat de valeurs : « liberté, vérité, solidarité« . Les bénéfices de cette expérience sont semble-t’il immédiats et considérables, ainsi la volonté des instigateurs du mouvement : « replacer les technologies dans leur rôle : celui d’être à notre service » paraît en bonne voie. Nous pensons que l’initiative est bonne à la fois dans sa préparation, dans sa procédure, dans la mise en place d’une interactivité et dans les objectifs. Cependant, sur du moyen et du long terme, les bénéfices s’estompent pourquoi ?
Si nous décryptons d’abord le succès : ici il y a rupture avec les habitudes scolaires (journées d’école routinières, etc.) ; une recherche d’adhésion de l’enfant à ce qu’on lui propose (ce qui n’est pas le cas en général, l’enseignement est unidirectionnel) ; l’implication des familles où, là aussi, l’interaction prend un autre sens (et puis c’est nouveau aussi pour la famille) ; les collectivités locales s’en mêlent et font des efforts pour organiser des événements adaptés aux enfants (d’une manière plus soutenue qu’à l’accoutumée) ; il y a un challenge, un défi donc, une nouvelle motivation… D’autres facteurs sont possiblement impliqués qui font que l’émulation est à son apogée et que les bénéfices sont multiples.
Les effets se dissipent dans le temps parce que les habitudes, routines, et tout ce qui fait que les écrans sont devenus les nouveaux éducateurs, reprend inexorablement sa place.
Réfléchissez :
- l’équité c’est que tout les enfants aient une tablette à l’école, c’est que les enfants doivent « apprendre » à se servir de cet outil incontournable, donc il leur sera distribué dès la 5ème …
- les enfants dans les écoles (comme dans les transports) tendent à se chamailler, alors que quand ils sont sur un écran, c’est magique, ils sont calmes et sur de longues périodes, donc certains collèges les autorisent en cours de récréation et les parents dans les transports …
- les parents rentrent épuisés de leur journée de travail, ils doivent cumuler avec les tâches du foyer, les devoirs des enfants, donc les écrans permettent d’accomplir beaucoup plus vite et sans heurts les dites tâches, par ailleurs les parents ont aussi le droit de jouer aussi pour se détendre (aux jeux vidéo), …
- …
(1) Soins Pédiatrie-Puériculture – n°282 – janvier/février 2015