Les écrans sont partout dans la vie des enfants, à la maison comme à l’école. D’un côté, les pédiatres et les autorités de santé recommandent une exposition minimale, surtout avant 3 ans. De l’autre, l’Éducation nationale encourage l’utilisation d’outils numériques dès la maternelle pour favoriser l’apprentissage et la maîtrise des compétences numériques. Résultat : des parents un peu déconcertés face à ces injonctions contradictoires. Alors, comment faire la part des choses ? Voici quelques pistes pour éclairer le débat et guider une utilisation plus équilibrée des écrans.


Quand la santé publique tire la sonnette d’alarme

Les recommandations de Santé Publique France et du Groupe de pédiatrie générale sont claires :

  • Éviter tout écran avant 3 ans pour préserver le développement cognitif et la qualité du sommeil.
  • Limiter l’exposition dès 3 ans, par exemple à une heure par jour maximum pour les enfants de 2 à 5 ans.

Ces consignes sont relayées au niveau international par l’American Academy of Pediatrics (AAP) ou encore par les directives suédoises. Elles soulignent toutes les risques liés à la surexposition : ralentissement du langage, perturbations du sommeil et hausse de la sédentarité. Les études de l’INSERM confirment également l’impact potentiel sur l’attention et la concentration.


Et pendant ce temps, à l’école…

On pourrait s’attendre à ce que les établissements scolaires suivent ces recommandations à la lettre. Pourtant, la politique éducative actuelle mise très tôt sur le numérique : tablettes, tableaux interactifs, apprentissages sur écran… L’objectif : préparer les enfants à un monde de plus en plus connecté. L’utilisation d’Internet et d’applications est perçue comme un moyen de stimuler leur curiosité et d’ouvrir leur horizon.

Cependant, certains rapports de l’OCDE soulignent que la multiplication des outils numériques ne garantit pas toujours de meilleurs résultats scolaires. Les retombées peuvent être inégales et dépendent fortement de la qualité de l’accompagnement et de la formation des enseignants.


Les contradictions : pourquoi ça coince ?

Des parents désorientés : On observe un grand écart entre les consignes « zéro écran avant 3 ans » et l’introduction de tablettes dès la maternelle. De nombreuses familles se trouvent perplexes, incertaines du modèle à suivre à la maison.

Des enjeux multiples :

  • Les autorités de santé souhaitent protéger le développement de l’enfant en alertant sur les risques d’addiction ou de troubles du sommeil.
  • L’Éducation nationale entend réduire la fracture numérique et initier les enfants à des outils indispensables.

Ces deux points de vue, peu coordonnés, créent une confusion notable chez les parents.


Quels effets réels sur l’enfant ?

  • Troubles du langage et de l’attention
    Une utilisation massive des écrans est souvent associée à un ralentissement du développement du vocabulaire, à une baisse des interactions humaines et à des difficultés de concentration.
  • Sommeil et sédentarité
    Regarder un écran avant de se coucher peut perturber le cycle du sommeil. Par ailleurs, moins de temps consacré aux jeux physiques ou aux échanges familiaux accroît le risque de sédentarité et de prise de poids.
  • Opportunités et apprentissages
    Tous les écrans ne sont pas à proscrire : certaines ressources numériques (applications éducatives, plateformes d’apprentissage) peuvent éveiller la curiosité de l’enfant, renforcer son autonomie et l’inciter à découvrir de nouvelles choses.

Trouver l’équilibre : quelques pistes concrètes

  1. L’éducation aux médias et au numérique
    Sensibiliser les enfants, mais aussi leurs parents, à une utilisation critique et responsable : savoir repérer les fausses informations, protéger ses données personnelles et comprendre que tous les contenus numériques n’ont pas la même valeur éducative.
  2. Règles claires à la maison
    • Limiter la durée d’exposition selon l’âge (la règle des 3-6-9-12 de Serge Tisseron est un bon repère).
    • Éviter les écrans pendant les repas et juste avant le coucher.
    • Instaurer des « zones sans écran » (comme la chambre d’enfants).
  3. Une approche mesurée à l’école
    • Encourager l’instauration de « pauses numériques » et réfléchir à l’utilité réelle de chaque outil.
    • Former les enseignants afin qu’ils privilégient un usage ciblé plutôt que systématique.
  4. Vers une politique cohérente
    • Renforcer la coordination entre l’Éducation nationale et la Santé publique pour harmoniser leurs recommandations.
    • Organiser des rencontres régulières (comités de parents, formations) pour adapter les pratiques aux évolutions scientifiques.

Pour aller plus loin


En définitive, l’école n’est pas l’ennemi de la santé. Le numérique peut apporter un véritable intérêt pédagogique lorsqu’il est intégré avec discernement. De leur côté, les spécialistes de l’enfance rappellent la nécessité de limiter l’exposition des tout-petits pour prévenir les risques d’addiction ou de retard de développement. La solution idéale ? Un dialogue permanent entre parents, enseignants et professionnels de santé, pour que les enfants profitent des avantages des écrans sans en subir les inconvénients. C’est dans cette concertation, continuellement réévaluée, que se trouve la meilleure réponse à cette contradiction apparente.